La France a-t-elle réellement entretenu des BMC (bordels militaires de campagne) jusqu'en 2003 ?

En bref

D'après un fil Twitter en date du 17 novembre 2020, la France aurait entretenu jusqu'en 2003 des BMC ou bordels militaires de campagne à travers sa Légion étrangère à Djibouti. Un «dispositif» qui serait apparu pendant le XIXe siècle lors de la présence militaire de la France en Algérie.

Date de première apparition

Non renseigné

Création de la fiche

2 décembre 2020

Lieu première apparition

Twitter

Dernière mise à jour

14 juillet 2021

Actions entreprises par les journalistes

  • Identification des sources sur lesquelles se base l'auteur du signalement.
  • Identification d'articles scientifiques et/ou de presse sur les BMC.
  • Demande d'interview à deux chercheuses spécialistes de l'Histoire des armées, une chercheuse spécialiste de l'Histoire des femmes et une chercheuse spécialiste de l'Histoire des femmes et en particulier des femmes prostituées.

Pistes et conclusions

  • Interview de Brigitte Rochelandet, docteure en Histoire des mentalités : d'après elle, le recours à des prostituées en temps de guerre remontrait à l'Antiquité, où des femmes étaient offertes aux déesses de la Guerre -- dans des temples, où se rendaient les soldats. La présence de prostituées dans les camps militaires remonterait au Moyen-Âge, où des femmes françaises étaient envoyées auprès des soldats, à l'étranger. La chercheuse s'est penchée sur un BMC qui s'est trouvé à Besançon jusque dans les années 1960 réservé à des soldats étrangers ayant combattu au sein de régiments français et où des «filles» venant du Maroc auraient été réquisitionnées.
  • Interview d'Odile Roynette, docteure en Histoire contemporaine à l'Université de Dijon, spécialiste des masculinités et du monde militaire : avant 1914, l'un des grands enjeux de l'armée était justement d'assurer un «contrôle de la sexualité des soldats» pour assurer la protection des mœurs d'une bourgeoisie en ascension à l'époque, mais aussi éviter des contaminations à des maladies vénériennes (aujourd'hui appelées maladies sexuellement transmissibles ou MST) des troupes, notamment la syphilis, fléau de cette période. C'est pourquoi l'armée française organisait des BMC dans les villes des régiments, que ce soit à l'étranger ou, plus tard, en France.
  • Ressources sur le sujet : - Le sujet semble être arrivé dans les médias en 2014 suite à la publication du livre Le Repos des guerriers, de l’historien Jean-Marc Binot, relevant la présence de prostituées (appelées «congaïs») en Indochine, dans la cuvette de Diên Biên Phu. Et ce alors que les bordels militaires de campagne étaient interdits depuis 1946.

- La Loi n°46-685 du 13 avril 1946 dite Marthe Richard tendant à la fermeture des maisons de tolérance et au renforcement de la lutte contre le proxénétisme. Elle pose l’interdiction, et donc la fermeture, des maisons de tolérance sur le territoire national, en même temps qu’elle réprime plus sévèrement le proxénétisme. Pour autant, les mesures de contrôle sanitaires sont conservées avec le vote de la loi du 24 avril 1946 sur la prophylaxie des maladies vénériennes, qui instaure un fichier sanitaire et social. D’autre part, le système réglementariste antérieur continue à s’appliquer dans les anciens territoires coloniaux et l’outre-mer. Toujours d'après le site du gouvernement, ce n’est en réalité qu’en 1960 que la France devient officiellement abolitionniste, en ratifiant la Convention internationale des Nations unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui du 2 décembre 1949. C’est à cette date qu’est supprimé, par ordonnance, le fichier sanitaire et social des personnes prostituées, qui recensait quelque 30 000 personnes.

Médias

Non renseigné

Autres factcheck

Non renseigné

Sources sûres

Coordination

Non renseigné

Equipe assignée
  • Cypriane El-Chami

Vous disposez d’informations à propos de cette enquête ? Vous souhaitez nous transmettre un document ou un lien qui pourrait nous être utile ?

Journalistes Solidaires met à votre disposition un formulaire nous permettant de recueillir votre témoignage et de pouvoir éventuellement vous contacter par la suite. NE TRANSMETTEZ JAMAIS VIA CE FORMULAIRE DE DOCUMENTS OU D’INFORMATIONS CONFIDENTIELLES. Si vous souhaitez prendre contact avec nos journalistes rendez-vous sur la page d'acceuil de notre site.

Restez bref et concis

© Journalistes Solidaires

Report a bug - Design & Code by Amaury - Powered by Airtable