Les patients africains laissés à l'abandon ?

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Les Africains laissés à l'abandon dans les hôpitaux français ?

Mi-avril, sur Facebook, une vidéo virale d’un patient noir sur son lit d’hôpital entend alerter la communauté africaine sur une discrimination à l'égard des patients étrangers. Cependant, l'abandon du patient dénoncé dans la vidéo est infirmé par l'analyse.

En bref

Partagée près de 900 fois, une vidéo prétend que les Africains sont laissés à l'abandon en soin intensif, sans assistance respiratoire. Mais les images semblent hors contexte de la crise sanitaire actuelle.

Date de première apparition

09 Apr 2020

Création de la fiche

20 avril 2020

Lieu première apparition

Facebook

Dernière mise à jour

4 mai 2021

Actions entreprises par les journalistes

  • La chambre d'hôpital semble se trouver en France. Nous l'identifions grâce aux équipements et à la blouse du patient (cf photo blouse APHP dans médias). Aussi, les équipes derrière le patient nous rappellent se qui se trouvent en France, il faut alors vérifier qu’ils ne sont pas exportés ailleurs. Les commentaires sous le post montrent qu’il s’agit de l’hôpital de Grigny (a vérifier aussi).
  • Sur InVid, une première recherche indique que l'URL ne correspond pas, mais on trouve un nouveau lien (ajouté aux sources suspectes).
  • La vidéo semble être prise deux aides soignantes (dont on voit les protections sur la vidéo).
  • Nous allons prendre l'avis d'un médecin en réanimation pour identifier l'état du patient et les équipement autour.
  • Traduction de la vidéo de l'hôpital : " Ils ont débranché l'appareil qui l'aide à respirer, il est en réanimation, les appareils son censés être branchés, et on le laisse mourir seul. Ce sont ses dernières forces, c'est son dernier souffle."

Pistes et conclusions

  • Sur le post Facebook, les commentaires des internautes témoignent que la chambre se trouve dans le Centre de Santé de Grigny. Mais selon ce Centre de Santé de Grigny, il n'existe pas de centre de réanimation dans ce lieu. Selon Fatima Said, il reste compliqué de définir un lieu fixe car toutes les chambres de l'APHP se ressemble.
  • Selon nos traductions, les aides soignantes, qui parlent dans un dialecte de RDC : « le patient est débranché et que personne ne s'occupe de lui ».
  • Mais :
  1. Le patient n'est pas sous placé sous respirateur artificiel mais sous oxygène
  2. L'écran n'est pas un respirateur mais un scope pour mesurer la fréquence cardiaque. Il ne semble pas être allumé

L'expertise médicale :

  • Selon un médecin réanimateur de Keza Covid, le patient serait potentiellement en fin de vie et en désescalade thérapeutique, ce qui expliquerait l'oxygène. La mise en veille de l'appareil peut être dû à une visite récente de la famille. De ce fait, le patient n'est surement pas atteint de SARS-Cov2. La présence d'un appareil THRIVE va plutôt dans un sens contraire. Le patient peut tout à fait ne pas être porteur du COVID et être en fin de vie pour une autre raison.
  • Selon Fatima Saïd, plusieurs hypothèses se dessinent, le patient peut se trouver en difficulté respiratoire mais est bien pris en charge, sans être pour autant au stade de la réanimation.

Par recherche vidéo inversée, nous découvrons qu'un écrivain et pasteur congolais nommé Isaac Mabanza est décédé à Paris, le 10 avril. Nous nous demandons si il peut y avoir un lien entre le défunt et l'homme sur la vidéo.

  • Nous trouvons une vidéo de ses obsèques le 20 avril à Pantin, publiée le 28 avril, et à la fin un numéro de téléphone apparaît.
  • Nous le contactons, il s'agit de son ami d'enfance qui connaît bien l'existence de cette vidéo. Il affirme qu'il s'agit bien d'Isaac Mabanza, décédé à l'hôpital Pompidou (Paris 15). Les deux femmes qui ont tourné la vidéo serait en réalité ses nièces appelées en visite par l'hôpital. Elles auraient pris peur croyant qu'il était débranché.
  • Ils ne savent pas si Isaac Mabanza est réellement décédé du Covid-19. Deux ans plus tôt, il avait déjà fait un AVC. Mais l'ami d'enfance raconte que la femme d'Isaac aurait pu le contaminer car elle travaille en EHPAD.

Nous nous dirigeons vers l'hôpital Pompidou pour connaitre les procédures de visite.

Philippe Juvin Maire #LR @Lagarenne, Professeur de médecine, chef du service Urgences @HopitalPompidou, affirme : il est bien possible pour les mourants de recevoir une visite de la famille, et il en est de même pour les patients Covid.

  • Selon le site de l'hôpital Pompidou, ces visites sont limitées à une personne à la fois.

  • Pour identifier si le patient est bien décédé du Covid-19, nous nous tournons également vers les Pompes Funèbres Générales (PFG), selon qui :

    « La différence entre un mort du Covid-19 est qu'on fait livrer le défunt pour le mettre le plus tôt possible dans son cercueil. Pour une cérémonie religieuse ou pas ça ne change rien et pour une inhumation/crémation, non plus. Même si ce n'est pas Covid, on leur demande de porter des gants et des masques. Une cérémonie religieuse c'est 20 personnes. Au cimetière, pareil, c'est 20 personnes avec 5 personnes des pompes funèbres. Les cérémonies crematorium reprennent aussi mais avec 10 personnes maximum »

  • Nous essayons de contacter une de ses proches retrouvées sur Facebook, Joseline Foumvoulou. Selon elle:

    Elle ne dit pas qu'il est mort du Covid. Elle dit qu'il a attrapé le Covid, sans savoir comment parce qu'il était "en confinement" avec sa femme et un ado de 16ans. Elle ne répond même pas à savoir si il a été testé ou pas.

Médias

Non renseigné

Autres factcheck

Non renseigné

Sources sûres

Coordination

Lina Fourneau

Equipe assignée
  • Léo Lefrançois
  • Sarah Djerioui

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