Les deux clichés montrent supposément des traces extraterrestres sur Terre et des traces humaines sur Mars.

Humains et extraterrestres : des photos de leurs empreintes ?

Dernière édition le 1 juillet 2021 à 11:39 - Relecture par Anne Smadja , correction par Claire Guérou , coordonné par Cypriane El-Chami

C'est essentiellement faux

En bref

Au lendemain de l’atterrissage de Perseverance sur Mars, un tweet compare avec humour les traces présumées d’extraterrestres sur Terre avec celles d'humains sur Mars. Mais l’histoire derrière ces deux clichés est toute autre.

Le 19 février 2021, le compte Twitter No, gracias publiait deux photographies légendées respectivement : «Extraterrestres en la tierra» («les extraterrestres sur Terre») et «Humanos en Marte» («les humains sur Mars») et représentant, la première, un agroglyphe ou crop circle («cercle de culture» en français) et la seconde, les empreintes de roues supposées d'un engin humain sur la planète Mars.

Capture d'écran du tweet comprenant les deux photos présumées de traces extraterrestres sur Terre et humaines sur Mars
Capture d'écran du tweet comprenant les deux photos respectives de traces présumées extraterrestres sur Terre et humaines sur Mars

Ce tweet, partagé 41 000 fois et comptant près de 260 000 likes, a été publié au lendemain de l’«amarsissage» (atterrissage sur Mars) du rover de la Nasa, Perseverance, déposé sur le cratère Jezero de la planète rouge dans le cadre de la mission Mars 2020.

Direction Mars

La mission Mars 2020 est un projet d'exploration de la planète rouge porté par le Jet Propulsion Laboratory (JPL), laboratoire de la Nasa, l'agence spatiale américaine, et ayant entre autres objectifs la recherche par le rover Perseverance d'activité biologique fossile sur Mars. Ce dernier est donc arrivé en février dernier dans le cratère Jezero, une formation géologique de l'hémisphère Nord de Mars, qui serait le siège d'un dépôt sédimentaire du delta d'une rivière vieille de 3,5 milliards d'années. La mission aura aussi pour but la collecte d'échantillons géologiques et la préparation de futures missions habitées sur le sol martien.

Pour en savoir plus sur les missions actuelles vers l’espace, mais aussi sur l’historique de la participation européenne à la conquête spatiale, découvrez cette enquête originale de la rédaction : «Est-il vrai que l'Europe n'a jamais envoyé de sonde vers Mars ?».

L'agroglyphe de Milk Hill

Photo d'un agroglyphe pris pour une empreinte extraterrestre
Photo de l’agroglyphe de Milk Hill, présentée dans le tweet du 19 février 2021.

Ces traces présentées comme extraterrestres sur Terre sont un dessin appelé «agroglyphe», ou crop circle. Le rapport Veca (Voyage d’étude des cercles anglais), rédigé par Gilles Munsch, professeur de mécanique au lycée général et technologique André Malraux de Remiremont (Vosges), est le seul rapport scientifique sur le sujet. Selon lui, un crop circle, pouvant aussi être appelé corn circle (pour «cercle de maïs»), est «une figure plus ou moins géométrique réalisée par couchage des épis dans un champ de céréales». Très impressionnants, les agroglyphes ne sont le plus souvent pas revendiqués ni signés, laissant planer le doute quant à leurs auteurs, attisant la curiosité (qui va jusqu'à une forme de «tourisme des crop circles») et nourrissant des théories diverses sur leur origine – telle la possibilité qu’ils soient réalisés par des extraterrestres.

Chercher «crop circle» sur Google apporte de nombreuses photos correspondant à l’agroglyphe du tweet, nommé le «Milk Hill crop circle». C’est également l'information que l’équipe de Journalistes Solidaires a obtenue en posant la question sur le blog UFO Scepticisme, qui se présente comme un «forum d’étude pragmatique du phénomène ovni (et phénomènes connexes)». D’après un internaute, il aurait été découvert en 2001. Selon un autre blog, il s’agirait du plus grand agroglyphe jamais découvert, avec un diamètre de plus de 500 mètres. Uniquement composé de cercles, il en compterait 409. Aucune indication n’a été révélée sur les conditions de sa réalisation. Toutes ces informations ont été confirmées à Journalistes Solidaires par Gilles Munsch. Il aurait visité entre 100 et 150 cercles de culture et considère que celui de Milk Hill serait «l’un des plus impressionnants».

Le Wiltshire, région prisée des crop makers

La région du Wiltshire, au sud de l’Angleterre, est sujette à l’apparition fréquente de ces cercles de culture depuis les années 1990. Au sud de cette région, se trouvent les deux sites mégalithiques d’Avebury et de Stonehenge. D’après Gilles Munsch, la concentration importante d’agroglyphes s’expliquerait par le fait que les deux pionniers en la matière y habitent : Douglas Bower et David Chorley, qui ont avoué avoir été à l’origine de plus de 200 agroglyphes. «Si d’autres équipes ont voulu les imiter, il y a des chances que, par effet de proximité, ce soit plutôt des gens du coin qui le fassent», souligne-t-il.

«Et puis, se trouvent aussi dans le Wiltshire ceux qui ont commencé à les étudier en premier et qui ont continué à en faire, notamment les ingénieurs et céréalogistes Colin Andrews et Pat Delgado, coauteurs de Circular Evidence, le premier ouvrage sur la question», ajoute l’auteur du rapport Veca.

Christophe Michel, créateur de la chaîne YouTube Hygiène mentale, qui est l’une des figures du scepticisme en France, va plus loin. «La carte géographique des crop circles est très superposable à celle des crop makers [les auteurs de cercles de culture, ndlr] dans le monde.», observe-t-il, en réponse à Journalistes Solidaires. C’est d’ailleurs un argument de poids pour rejeter toute intervention extraterrestre, d’après lui :

«J’imagine que des extraterrestres qui traversent la galaxie, à des millions d’années-lumière, et qui arrivent sur Terre, iraient là où il y a des champs pour faire ces motifs, sans cibler une zone précise. Je ne vois pas pourquoi ils en feraient plus en Angleterre, qu’en Australie, en Nouvelle-Zélande ou en France.»

Entre 7 000 et 10 000 crop circles dans le monde depuis 1980

Le phénomène de crop circles semble assez ancien et personne n’est à ce jour capable de proposer une date d’apparition. Selon Jean-Bruno Renard, professeur émérite de sociologie à l’Université Paul-Valéry/Montpellier 3, le nombre de crop circles recensés depuis 1980 est estimé entre 7 000 et 10 000, répartis dans 60 pays. Dans son étude «Les crop circles : représentations et croyances», il distingue cependant une première période (1980-1989) durant laquelle le phénomène n’était observable qu’au Royaume-Uni, à raison de 3 à 4 formations annuelles, accélérant à partir de 1986 pour atteindre 170 crop circles en 1992 sur le sol anglais ; et une seconde période (à partir des années 1990), où le phénomène s’internationalise. Entre 1995 et 2011, 3 424 crop circles ont été recensés à travers le monde, dont près de la moitié en Grande-Bretagne (1 703 agroglyphes). Sur cette période, on en a compté 21 en France. 

D’après Gilles Munsch, ces motifs ont commencé à faire parler d’eux à la fin des années 1970 et au début des années 1980 :

«Depuis longtemps, il y avait des traces dans la végétation qu’on appelait des nids de soucoupes volantes, qui se résumaient à des cercles, uniques, où l’herbe était couchée. Leur origine était souvent inconnue, ça pouvait être des animaux, des phénomènes naturels ou exotiques [extraterrestres, ndlr]. Il y a quelques exemples notamment en Australie. Les deux sexagénaires anglais [Douglas Bower et David Chorley] sont allés là-bas, ont trouvé ça marrant, et s’en sont inspirés pour faire quelques cercles dans la campagne anglaise, pour s’amuser.» La presse va ensuite se charger du reste, en relayant les apparitions de tels motifs, aux origines inconnues. 

Les agroglyphes, expression d’une vie extraterrestre ?

Les cercles de culture font, depuis, l’objet de controverses. Pour certains, les agroglyphes seraient l'œuvre d’une vie extraterrestre et constitueraient un message paranormal venu d’un autre monde. Leur argument principal est que les humains seraient incapables de réaliser ces dessins d’une précision et d’une complexité exceptionnelles. D’autres avancent que l’énergie présente au milieu de ces crop circles serait bien plus puissante que sur un champ normal. Si certains crop circles n’ont pas encore été revendiqués, l’origine humaine a été démontrée dans la plupart des cas, mettant fin à de nombreuses spéculations. 

En 2018, un groupe de youtubeurs sceptiques veut tester à l'aveugle la méthode de détermination de l'origine des crop circles. Ils souhaitent mettre à l'épreuve la méthodologie des tenants de l'hypothèse extraterrestre et celle des personnes faisant usage d'un processus d'investigation plus rationnel : ils réalisent donc en secret un agroglyphe à Sarraltroff, en Moselle, autre région prisée des crop makers. Ils publieront la vidéo de leur travail quelques temps plus tard mais non sans avoir laissé différents experts et curieux donner leur avis sur l'origine de leur cercle de culture.

Comme toujours lors de la découverte de nouveaux crop circles, des «spécialistes» se sont succédé sur le champ, affirmant y reconnaître les signes d'une intervention extraterrestre. Gilles Munsch s'est également rendu sur les lieux, pour appliquer sa méthodologie. Il raconte :

«Celui de Sarraltroff est l’exemple parfait : j’ai vu par où ils étaient rentrés, j’ai identifié le premier centre, c’était assez simple, ça venait au fur et à mesure que je me baladais dans le crop circle. Je suis capable de faire cette expertise de A à Z.»

Il précise d’ailleurs être parvenu à la mener à partir de photos aériennes d’autres crop circles qu’il n’a pas pu visiter. À partir de ces photos, il reprend ses principes pour chercher : 

  • si c’était au bord d’un champ, 
  • s’il y avait une ouverture ou une entrée proche,
  • s’il y avait un chemin,
  • s’il y avait un parking, 
  • où était le centre,
  • par où les crop makers étaient entrés,
  • dans quel sens ils avaient réalisé le crop circle.  «Et à chaque fois, tout collait», conclut-il.

En conclusion, pour la plupart des crop circles dont l’origine humaine n’a pas été revendiquée des éléments permettent quand même d’y déceler la trace d'une manufacture humaine. Par ailleurs, rien ne permet d'affirmer que celui de la photo de ce tweet, l'agroglyphe de Milk Hill, ait été réalisé par des extraterrestres.

Le rapport Veca

Interrogé par Journalistes Solidaires, Gilles Munsch a accepté d’en dire un peu plus sur la naissance du rapport Veca et sur la mise en place de sa méthodologie d’étude des cercles de culture. Retrouvez le lien à la fin de cet article.

Des traces de rover sur Mars

Photo de traces de robot prises sur Mars
Photo des traces du rover Spirit, présentée dans le tweet du 19 février 2021.

La photo présumée des traces de l'humanité sur la quatrième planète du système solaire n’a rien de confidentiel. En effet, elle avait déjà connu une certaine notoriété en 2013 sur Reddit avant d'être publiée dans la presse anglophone et francophone. Une recherche d’image inversée (sur Tineye ou Google images par exemple) permet de retrouver sa trace en ligne, ainsi que ses différentes dates de publication.

Bien que censée, à l'origine, provenir du site du JPL, cette photo n'était plus en ligne en février 2021 sur la page des rovers martiens. C’est pourtant à ce moment-là que les utilisateurs de Reddit indiquent avoir téléchargé l’image d’origine. D'après eux, l’augmentation du trafic internet sur cette page aurait rendu cette dernière inaccessible : la saturation de la bande passante aurait provoqué une attaque involontaire par déni de service, autrement dit, elle aurait rendu le site indisponible.

La photo est présente dans les archives de cette même page dès août 2006. Sachant que le rover Spirit a débuté ses premiers tours de roue sur Mars le 4 janvier 2004 et que Curiosity n’a touché le sol martien que le 6 août 2012, les traces et la photo seraient donc l'œuvre du premier véhicule.

Pourquoi cette image a-t-elle été supprimée par la Nasa ?

Comme le déclarent les auteurs des posts ou encore Kerry McDermott, alors rédactrice en chef du Daily Mail online, dans un article du média britannique, certains internautes indiquent avoir reconnu une forme supposément tracée par les roues du rover sur Mars : celle d’un pénis stylisé.  Journalistes Solidaires n’a pas trouvé de communiqué officiel de la Nasa au sujet de cette photo.

Au-delà de la plaisanterie, ce phénomène, qui associe à un stimulus sensoriel (ici, la photographie des traces du rover) la reconnaissance d’un phénomène familier, est appelé «paréidolie». Mais il s’agit d’une illusion… qui aura quand même valu à ces clichés de bénéficier d’une notoriété involontaire.   Un autre exemple de paréidolie très célèbre : certaines personnes croient reconnaître un visage sur ce cliché du relief martien Cydonia Mensae pris par la sonde Viking 1 en 1976.

Capture d'écran de la page consacrée au relief martien Cydonia Mensae sur le site internet de la Nasa
Capture d'écran de la page consacrée au relief martien Cydonia Mensae sur le site internet de la Nasa.

Spirit «Legacy» Panorama

En classant par date les résultats de la recherche d’image inversée, il est possible de trouver un dossier du magazine Futura sciences du 31 janvier 2005 sur la création des clichés de Mars et notamment, sur la façon dont la couleur est appliquée sur ces photos. La page 4 montre le cliché composite à l’origine de l’image reprise huit ans plus tard sur Reddit (voir photo ci-dessous).

La photo figure en bonne place de l’article écrit par Olivier de Goursac.
La photo figure en bonne place de l’article écrit par Olivier de Goursac.

D’après ce dossier, la photo montrée dans le tweet en question est une image composite (formée de plusieurs clichés) obtenue à l'aide d'un rover et faisant partie de la banque d’images de la Nasa. Celle-ci tient en effet à la disposition du public une base de données considérable des prises de vues réalisées par le rover Spirit. Le problème est alors d’identifier les bonnes captures brutes parmi un échantillonnage qui s’est étendu sur plus de 2 200 sols, le «sol» étant le nom donné au jour solaire sur Mars, qui dure environ un jour et 40 minutes terrestres.

En visitant les articles de la Planetary Society, un organisme à but non lucratif fondé par l’astronome et vulgarisateur Carl Sagan, il est possible de trouver le cliché parmi une vue beaucoup plus vaste baptisée «Spirit “Legacy” Panorama» («panorama laissé par Spirit en héritage»). L’article qui l'accompagne indique que le rover a pris les photos, qui constitueront le matériel de base de ce cliché composite à la limite du cratère Bonneville, du 3 au 5 mars 2004, soit du sol 59 au sol 61, pour la mission de Spirit. Il est de plus indiqué que pour cela, la pancam (caméra panoramique de Spirit) a été utilisée, ce qui permet de retrouver les lots d’images dans la bibliothèque fournie par la Nasa.

Photo de la banque d'images du site de la Nasa.

Il faut donc consulter les pages sol 59 à sol 61 du bloc d'images de la caméra panoramique (dans le menu Science Cameras), et plus particulièrement le sol 61 :

Galerie des clichés de Spirit pour le sol 61
Galerie des clichés de Spirit pour le sol 61.

En examinant les pages en question, il est possible de retrouver les éléments de base de la photo dans les sols 60 à 61 où l’image des traces de roues caractéristiques est bien visible.

En bref

  • La première photo est celle du crop circle de Milk Hill, dans le Wiltshire (Angleterre), apparu en 2001. Si personne n’a revendiqué sa conception et qu’on ne peut affirmer que tous les crop circles sont d’origine humaine, l’identification d’éléments et de défauts communs entre tous permet quand même de douter d’une intervention extraterrestre dans la réalisation de ces motifs devenus mythiques. 
  • La seconde photo indiquant les traces laissées sur Mars par l’humanité est en réalité une image composite réalisée à partir de clichés bruts pris par le rover Spirit les 4 et 5 mars 2004 aux abords du cratère Bonneville, sur la planète rouge. Par ailleurs, rien n’indique que ces traces soient destinées à représenter un motif particulier ni qu’il s’agisse d’autre chose que d’une paréidolie.

Pour aller plus loin

Chaque fois que nécessaire, Journalistes Solidaires met à votre disposition des outils pour approfondir les enquêtes

Alien Cornfield, photographie de Sigmar Schnur via unsplash
Le rapport Veca

Au cours d’une enquête menée sur le sujet des agroglyphes (aussi appelés cercles de culture ou crop circles), Journalistes Solidaires a pu interviewer l’un des spécialistes sceptiques du phénomène, Gilles Munsch. Cet enseignant vosgien est l’auteur d’un rapport demeuré célèbre, le rapport Veca (Voyage d’étude des cercles anglais) qui formalise une méthodologie d’étude des cercles de culture.

Lire

Fiche Enquête

La fiche ci-dessous résume le parcours et la méthodologie employés pendant notre enquête.

Information

Vérifiée et essentiellement fausse

Première apparition sur le web
19 Feb 2021
Dernière modification de la fiche de l'enquête
8 juin 2021 à 10:18
Lieu de publication constaté
Twitter
Actions entreprises par les journalistes
  • Authentifier les deux photos.
  • Rappeler le contexte de ces publications : l'arrivée de Perserverance sur Mars en février 2021.
  • Retrouver l'origines de ces traces terrestres supposément sur Mars (sur la toile, sur reddit et jusqu'au Jet Propulsion Laboratory de la NASA)
  • Enquêter sur ces «traces extraterrestres» sur Terre (les agroglyphes), en contactant le CNRS pour trouver une interlocutrice ou un interlocuteur sur le sujet.
  • Interview du youtubeur sceptique Hygiène Mentale, au sujet des crop circles.
  • Interview de Gilles Munsch, auteur du rapport VECA et spécialiste des crop circles.
Pistes et conclusions
  • Photo prise «sur Terre» : Il s’agit d’un agroglyphe ou crop circle pour les Anglo-saxons, visiblement daté du 12 août 2001 et réalisé dans un champ de Milk Hill dans le Wiltshire en Angleterre, une région où sont réalisés beaucoup d’agroglyphes. L'équipe de Journalistes Solidaires a interviewé le youtubeur d'Hygiène Mentale ainsi que le spécialiste de la question Gilles Munsch.
  • Photo prise «sur Mars» : il s'agirait des traces de roue du rover Spirit, qui s'est posé sur Mars le 4 janvier 2004. Cette photo n'est donc pas liée à l'actualité lors de la publication du tweet (à savoir, la mission Perseverance). En mars 2004, Spirit enregistre son Legacy Panorama, un vaste paysage composé d’une multitude de clichés dont fait partie l'image de notre signalement.
Equipe Journalistes Solidaires

Jérôme Mégie

Tanguy Oudoire

© Journalistes Solidaires

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